Vous traversez une période de baisse d’activité, et vous vous posez la question de savoir si vous pouvez mettre votre salarié à disposition d’une autre entreprise pendant ce temps ? En principe, non, sauf à respecter certaines conditions légales. Nos conseils…
Le prêt de main-d’œuvre…
Interdit… Par principe c’est interdit, sauf à respecter certaines conditions légales, ou bien encore se trouver dans une situation bien précise, là-aussi expressément prévue et encadrée par la loi. En effet, l’article L 8241-1 du Code du travail prohibe «toute opération à but lucratif ayant pour objet exclusif le prêt de main-d’œuvre ».
… s’il est à but lucratif… Le but lucratif est caractérisé à partir du moment où l’entreprise « prêteuse » en vient à refacturer à l’utilisatrice » un montant supérieur aux salaires versés et charges sociales afférentes (éventuellement aussi les frais professionnels remboursés) qu’elle aurait elle-même acquitté durant la période.
… sauf dérogation légale. Plusieurs activités sont expressément autorisées par le Code du travail.
Par exemple :
- Le travail temporaire : cette activité fortement réglementée a pour finalité le placement de main-d’œuvre dans une entreprise en recherche de personnel pour une certaine durée ;
- Le portage salarial permet de travailler, le temps d’une mission, pour le compte d’une entreprise dans les mêmes conditions qu’un salarié lambda sous couvert de la société de portage salarial ;
- Sans oublier les groupements d’employeurs qui ont pour rôle de mettre des salariés à disposition de leurs membres.
Autorisé s’il est à but non lucratif…
Ne réaliser aucun bénéfice... L’entreprise « prêteuse » ne doit donc réaliser aucun bénéfice du fait de l’opération, c’est-à-dire en quelque sorte ne pas spéculer sur le travail de son salarié.
Concrètement, durant tout le temps que dure la mise à disposition, ce dernier a accès aux installations de l’entreprise « utilisatrice », se plie à ses directives et, à la fin, retrouve son poste initial ou un poste équivalent. Pour autant, le contrat de travail n’étant ni rompu ni suspendu, il continue d’appartenir au personnel de son véritable employeur et, par conséquent, de bénéficier de l’ensemble des dispositions conventionnelles qui lui sont propres. Notez que la mise à disposition peut tout à fait intervenir entre deux sociétés d’un même groupe. C’est très fréquent en pratique.
Et des conditions à respecter… Le salarié doit donner son accord. La rédaction d’une convention s’impose. Elle précise noir sur blanc l’identité et la qualification de celui-ci, la durée du prêt, le mode de détermination de la rémunération et autres charges qui feront l’objet d’un remboursement par « l’utilisatrice ». La signature par l’intéressé d’un avenant à son contrat de travail est requise :
description du poste confié, horaires et lieu d’exécution du travail sont quelques-unes des informations qui y figureront. Enfin, le comité d’entreprise (entreprises de 50 salariés et plus), ou à défaut les délégués du personnel (11 salariés et plus) doivent être consultés préalablement à l’opération.
Bon à savoir. Un salarié qui refuserait de « jouer le jeu » n’est pas pour autant sanctionnable. En outre, la mise à disposition peut être assortie d’une période probatoire permettant à chacune des parties au contrat d’y mettre fin prématurément.
Conseil. Attention à la requalification de contrats d’externalisation ou de sous-traitance en prêt de main-d’œuvre illicite. L’opération est sanctionnable dès lors qu’elle ne serait finalement que du salariat déguisé permettant d’obtenir une main-d’œuvre à moindre coût !
En synthèse : Le prêt de main-d’œuvre n’est autorisé que si vous ne réalisez aucun bénéfice du fait de cette opération. Veillez à obtenir l’accord préalable du salarié. Enfin, une convention devra être rédigée avec la société utilisatrice et un avenant au contrat de travail sera signé par le salarié.